• 10 Km des Buttes Chaumont - 75019

     

    10km des Buttes ChaumontC’est quoi cette photo d’article ? Oooh mais ce n’est pas une médaille cette fois, c’est une coupe !! 10km des Buttes Chaumont 

      Free... your... mind.

    Récit :

     

    La veille au soir, je mange une pizza et j’oublie que je coure le lendemain matin, puisque c’est meme ma sœur qui me demande pourquoi je ne mange pas de pâtes. Je réponds que pour un 10km, ya pas trop besoin de réserves. ..ni de sommeil puisque je me couche à plus de 2h pour un départ à 9h. Réveil à 7h30, décollage à 8h et récup de dossard avant 8h45.

    Lorsque je m’étais inscrite, kdr m’avait demandé de l’inscrire lui aussi. Le samedi encore, il a fait un détour pour récuperer un certificat médical. Mais ses propos  de la veille au soir ne sont pas vraiment les memes que ceux du dimanche matin. Dailleurs il n’y a même plus de propos. Le matin je me retrouve seulement confrontée à un corps très peu animé qui ne demande qu’à dormir. Je le réveille et lui propose de venir avec moi, mais je n’insiste pas car il a fait peu d’entrainement ces dernières semaines, un mal de dos récurrent, et seulement 5h de sommeil au compteur. Jusqu’au bout je pense qu’il va m’accompagner, jusque dans la voiture je vais surveiller mon portable, et puis, plus je m’eloigne et plus c’est trop tard.

    Je n’ai pas de mal a trouver le depart. Je me stationne sur une bande cyclable à 100mètres du départ, et à 100m de la mairie. Le temps d’aller chercher mon dossard et déjà cinq voitures m’entourent. Je l’échange contre mon manteau et je m’en vais m’échauffer, rassurée sur mon abus de stationnement.

    J’ai pas mon cardio mais je sens bien que les montées à 8 et les plats à 9,9 sont très durs. Je m‘auto rassure « c’est tout le temps comme ça !! Mauvais sentiment, bad échauffement = bonne course ! »

    Il est 9h moins 4, donc je vais me glisser dans le sas de départ. On sautille un petit peu pendant que ca papote au micro et le coup de feu surprend tout le monde, y compris le type au micro. 10 secondes après, je pose bien mon pied sur le tapis et mon énergie me pousse vers l’avant. Je prends le trottoir des que possible pour déjà commencer à remonter ma moyenne. 1km, 2, 3.. et j’en ai déjà trop marre. Les montées m’ont fatiguée plus que je ne l’étais dejà. J’hésite à m’arreter. Je reflechis sur cette eventualité. Je me demande par ou je rentre, est ce que je marche, est ce que je finis au petit trot… Je passe sur la ligne du km9 déjà marquée au sol, alors que nous n’en sommes qu’au 4° à peine. Je pense au 9°. Je me dis que je vais revoir cette ligne, que je vais le passer ce 9°, puis que seuls le temps et l'effort me séparent de mon droit de m’arreter et de la fin de la course.

    Cette partie est dure. J’écoute la musique mais ca ne me fait pas accelerer. Je pense a mes examens, je m‘interroge aussi sur la douleur d’un accouchement, sur l’approche des moments durs dune course lorsque jaurai moi-même souffert dans un accouchement. J’essaie de penser aux danseuses, a leurs douleurs… Toutes les pensées sont bonnes à prendre pour ne pas lacher. « Faut pas lacher » je pense meme a nawelle de top chef.. bref, un fichu bordel dans ma tête. Je sais bien qu'il faut à la fois tout donner, et aussi en garder sous le pied. Il en reste 6.

    On passe près de l’arrivée, mais ce n'est pas larrivée, il y a un peu de public ici.. Mais je ne m'attends pas à ca : ma maman est là, elle crie mon nom ! Elle mapplaudit et me sourit de toutes ses dents, on se voit bien. Je lui fais 2 coucous enthousiastes, avant de m’enfoncer dans le parc des buttes Chaumont... Ca grimpe un peu mais maman que je laisse derrière moi me pousse à ne pas ralentir.

    On tourne et je sais que le cinquième est en haut,  la montée est hard, elle est pentue, et en plus elle est longue. Je me fais doubler, et j’ose à peine regarder ma montre, car je ne pourrais rien y faire. Plus je ralentis là, plus je dois le rattraper dans les descentes. En haut, c’est le ravito, c’est le 5°, c’est la moitié. Leurs bouteilles d’eau ne m’interessent pas, il ne fait pas assez chaud, et il fait humide. Je suis pressée de trouver une descente pour me venger sur ceux qui ont profité de ma faiblesse pour me depasser.

    Elle finit par arriver : elle est douce mais longue et mon cardio redescend. Ma foulée s’allonge, la vitesse monte mais mon cœur se repose, c’est bon. Je repense à ya 2ans, je sais qu’il y a (encore) une petite côte à grimper dans le coin. Effectivement, côte, effectivement, petite. Le plaisir commence ici. Je pense finir la course. Je pense pouvoir tenir 12,7 en vrai, 12,5 a ma montre. Là, ma montre affiche 12.7, jaimerais le garder jusqu’au bout mais le positive split me parait inevitable, sauf si plus de descentes que de montées arrivent.

    Je fais plusieurs morceaux à coté dun coureur que je laisse derriere moi dans les descentes, et qui me sème dans les montées. Tout ceci fait passer le temps et m’aide a tenir sans me laisser le choix.

    J’ecrase la ligne « km8 », plus que 2. Un gros barbu me crie « 3° fille ! », je ne réponds pas et fait non de la tête en partant pour montrer a ceux qui observent la scène que je ne suis ni dupe ni naïve. Pour moi, il y a beaucoup beaucoup de filles devant. Je regrette de ne pas lui avoir dit « si ca pouvait etre vrai ! »

    Le 9° attendu arrive et je souris. Plus qu’un mais je ne m’emballe pas, il reste un dizième, alors cest long. Je sais néanmoins que je vais pas tarder à pouvoir me lacher sans prendre de risques sur la suite.

    Un des km les plus longs de ma carrière, à moins 400m, je pense au fractionné puis je finis par avaler aussi ce dernier km et je revois ma mère pendant mon sprint de malade. Un echange de sourire mais rapides, car je suis a 15 en sortant du tournant et il est possible que je finisse encore au dela. (max a la montre = 17.5) Le tapis est là mais les gens me regardent beaucoup, plus que dhabitudes et puis arrive l’apothéose : le type au micro annonce à tout le monde "4° femme" suivi de mon nom, mon prénom. C’est avec les larmes aux yeux et une surprise immense que je passe la ligne. Je suis dans tous mes états car j'ai tout donné et je n'ai plus de forces, pourtant je dois puiser dans mes dernières ressources pour m’empecher de m’effondrer en larmes d’émotion.

    Je me dirige en bon zombie de fin de course (je suis vraiment dans tous mes états) vers la coupeuse de puce, précieuse puce, et je pense au barbu. Moi qui pensait qu’il plaisantait ou qu’il était arrivé à l’arrache en milieu de course… en fait il n’était pas loin, il avait juste loupé une fille. Je comprends aussi pourquoi le public me regardait moi principalement à l’arrivée et je comprends aussi pourquoi les mecs tournaient la tête lorsque j’ai été amenée a les doubler dans les descentes de la fin.

    Ma mère vient me féliciter de plus près et je récupere la médaille avant d’aller bouffer une demie banane. Un coureur me dit « c’est dur les montées hein ? –Très. »

    Je propose à ma maman d’attendre les remises de coupes car je suis peut etre dans les 3 premières dune categorie. Bingo… Ce sont les resultats imprimés qui me le confirment. Alors je monte sur l’estrade quand on me le demande avant que l'on file vers un brunch ou un dejeuner, accompagnées de ma coupe. (avant course : pti dej tartines pain de mie + confiture et 1banana)

    Enfin, un texto de kdr arrive alors je ne peux pas garder ce que je viens de vivre pour moi jusqu’a le retrouver : j’envoie juste une photo de la coupe et un peu après mon classement.

     

    FIN.10km des Buttes Chaumont

     

    Soit 10km à 12.9 en 46min 

      1° et 2° : 13.5 (manquait l’autolap)

      3° 13.1

      4° 12.5

      5° 11.6

      6° 13.2

      7° 13.2

      8° 13.2

      9° 12.4

    10° 12.9

     

    NB : Ma montre a eu un décalage de 0.2km/h tout le long. Je l’ai corrigé dans les allures données ici.

     

     

     

     


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  • L’après marathon : un nouveau moi

    Petit 1. Une bonne chose de faite

    Je n’ai pas eu souvenir d’avoir eu pareil mal de jambe la dernière fois. Mais ce mal aux jambes me fait du bien. C’est bon d’avoir mal, d’être fatiguée, épuisée même.  A chaque fois que j’ai mal, ca ne m’agace pas, je sais que c’est pour une bonne cause, c’est une bonne chose de faite, ca me fait meme parfois sourire interieurement. Avec un peu de recul, je ne pourrais pas dire lequel de mes 2 marathons a été le plus dur. C’aura été des souffrances differentes. Je ne me rappelle pas avoir eu vraiment des douleurs dans les jambes, dans les cuisses le jour J, mais plutôt un manque d’energie. Ca na pas été le cas ici. J’en reviens pas de pouvoir dire que j’ai couru deux marathons ! La spirale infernale a pris, ca y est., je l’ai fait, j’en ai bavé, et j’y suis revenue.

    Petit 2. « La prochaine sera plus facile »

    Je pensais que ça serait plus facile peut etre. Il y a quand même un quart d’heure de souffrance en moins, et ça, je l’ai senti passer. Mentalement ca y fait aussi. Quand on se dit qu’on part pour 3h45, ca ressemble a 3h30 pour un optimiste, on est dans la tranche des 3h. C’est un long film, c’est une demie apres midi, c’est une très courte matinée, ce n’est plus « presqu’une apres midi de boulot entière ». Je me dis ce sera plus facile la fois d’apres, et puis je m’interroge sur le marathon en me demandant si un jour ça peut etre plus facile, sachant que l’on se fixe toujours des objectifs un  peu au dessus de nos moyens, pour aller toujours plus vite, pour devenir toujours plus fort.

    J’avais peur avant de partir, la boule au ventre, l’excitation la veille, l’énervement la nuit, le trac le matin. Au 35°, j‘ai compris que j'avais raison, que je ne m’étais pas trompée dans mes sentiments d’apprehension, même si cela m’a sûrement consommé un peu d’énergie, c’est aussi ce qui ma permis de my lancer prudemment, den garder sous le pied, de se souvenir qu’au 25°, c’est loin dêtre fini, qu’il faut encore beaucoup en parcourir avant de pouvoir analyser la situation et éventuellement décider de « se lâcher ».

    Petit 3. 700 et qq sur plus de 7900 femmes, c’est un début.

    Avec mon temps de 2011, aurai été dans les 1700°femmes. Je gagne mille place avec ce quart d’heure et c’est ainsi que j’ai un classement tout a fait honorable dans la catégorie des femmes. Mais qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que c’est 3h45, cest quand meme dans la fourchette des 4h. Tout ca pour ça ! Toute cette fierté pour un score si banal.. Qu’est-ce que c’est, qu’est-ce que ca représente, qu’est ce que ca veut dire ? Est –ce que ca me classe quelque part dans l’echelle de la valeur humaine ? Est-ce que j’ai atteint un but ultime, qui sert a quelque chose ? Peut etre que cela ne vaut rien, que cela ne sert a rien, et que ca ne veut rien dire pour la plupart des gens que je rencontrerai. Et c’est quelque fois paradoxal : mais je me dis que ca fait du bien. De vivre quelque chose qui ne va pas plus loin que la fin. Comme dirait l’autre « sourire à une inconnu qui passe, n’en garder aucune trace »…

    Petit 4. Le casse-tête du lundi matin : comment sy prendre pour descendre des escaliers

    Lundi soir devant top chef, j’ai encore mal au dos, aux jambes. Le plus dur, ce sont les marches et aussi de passer de assise a debout. Entre chaque marche, j’ai besoin de reprendre mes esprits. Il me faut du temps pour oublier le pic de douleur que je viens de recevoir dans la cuisse pour oser affronter la marche suivante. En sortant de l’appart’ lundi matin, j’hésite réellement à descendre sur les fesses. Et puis finalement, je me tiens solidement a la rampe, et je descends les escaliers plus avec mes bras qu’avec mes jambes.

    On est mardi matin, je sens que la douleur s’en va. Je suis contente qu’elle me semble parfaitement symétrique, j’espère et pense que je ne me suis blessée nulle part. Mes mollets ont bien tourné dimanche je suis fiere d’eux, Je n’y ai pensé que dimanche soir, c’est pour dire à quel point je ne les ai pas senti. Je crois que cette fois, c’est bon, mes tendinites sont parties ! Je leur ferai un bisou chacun ce soir, après le couscous si je suis assez souple.

    Petit 5. Un marathon, qu’est-ce que ça change ?

    Je crois que ça permet de devenir plus humble, plus tolérant, de moins gueuler aussi. De se rendre compte de la chance qu’on a de pouvoir courir, de se sentir vivant à 100%, de s’utiliser au maximum ou presque, de travailler son mental. Ca peut aider dans des moments durs ou désagréables de notre vie : on y repense, et on se rend compte que bien souvent, qu’un moment affreux qu’on est en train de vivre, est souvent forcément moins pire que lorsque nous étions dans la souffrance au 37° km, avec la ferme intention de ne pas abandonner, sans imaginer cette possibilité même, comme si cette solution n’existait pas. Forcé a terminer sinon.. Ya pas de sinon. Il n’existe pas le sinon de toute façon. Depuis longtemps, j'ai un point de référence en terme de moment dur. Le marathon 2011 a pris la pace de mon précéedent point de référence qui etait a mon ancien boulot a soft media, cetait different, cetait plus de la souffrance psychologique. Mais les deux finissent souvent par se lier intimement.

     

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  • 37 eme edition du MDP 2013. Voici mon recit ; voici ma médaille.

    Marathon de Paris 2013En intro, voici les pronostics puis à gauche les temps réels :
    Emilie : 4h00 (4h23)
    Sa collegue : 4h12 (4h23)
    Kdr : 3h27 (3h39)
    Moi : 3h50 (voir fin récit)
    Notre collègue n°1 : 3h43 (3h52)
    Notre collègue n°2 : 3h28 (3h33)
    Le frère du collegue 2 : 3h34 (3h33)

    Emilie et une collègue à elle le font cette année, alors on décide de bouffer des pâtes ensemble la veille au soir. Dailleurs, on coure en même temps que du monde que l'on connait : il y a deux collègues à nous et le frère d'u des collègues, avec qui kdr s'est beaucoup entrainé.
    L'heure du départ est programmée la veille, en rentrant de la pasta party chez emilie : 7h45. Je trouve ca un peu just car l'on sait que le sas de kdr 3h00 ferme ses portes à 8h30. Je compte d'avance un leger retard sur notre depart, quelques bouchons possibles et surtout une difficulté a trouver une place pas trop abominable. Rien n'y fait : après 1/2 gatosport chacun (dé-gueu-lace), on part près de 8h10, cest chaud. On arrive malgré tout bien préparés (aspégic, vitamine, dossard, mouchoirs, sucres), sans oubli, et on se gare facilement, très proches du départ.
    Cette nuit jai mal dormi, me suis reveillée pour pisser, et mon coeur narrivait pas a se calmer, je ne trouvais pas le repos, j'arrive deja plus à gerer mon mental avant meme davoir pris le depart, ah, elle va etre belle la course demain !  Ce matin j'ai été mega stressée. Mal au bide, jarrivais pas a me raisonner. :(
    Quand on arrive, c'est trop beau, c'est magique : tous ces joggeurs en ponchos jogging ! La ville est lumineuse et claire, il fait beau, il fait frais, je vois net. Kdr se grouille, moi je m'arrête devant mon sas lorsqu'il me dit au revoir pour qu'il parte se glisser plus facilement dans la foule pour atteindre son sas et son lièvre, qu'il devait retrouver au départ à un point prècis à 8h30.
    Je me place dans la file d'attente pour les toilettes qui ne semble pas avoir de fin. Je me dit que le départ est dans longtemps alors jattends patiemment, ca moccupe. Il ne fait pas si froid. je nai pas trop envie de faire pipi, mais je minterdis de partir sans avoir fait. Cette fois, je ne perds pas une seule minute a cause de ça. Jattends, jattends, et jentends le depart des 3h, je pense à lui, puis le depart des 3h15.. 3h30, ça va très vite, bien plus vite que l'avancée de la fille d'attente des toilettes ! Les 3h45 avancent, courent, et il ny a plus personne. Je vois derrière moi le sas de 4h00, blindé, au taquet. Des lions prêts a partir, retenus par ce seul fil bleu que tous les coureurs respectent. Et puis une idée me vient : je descends jusqu'au depart, voir si les wc des autres sas sont libres. Mais je nen trouve pas, ils les ont retirés. Les 3h45 sont encore aglutinés, ca bouge pas bcp, on est loin de franchir la ligne. Je remonte vite fait aux toilettes et cette fois jattends les 2-3 personnes qui restent. Au pire je pars avec les 4h, c'est pas si grave. Beaucoup moins grave que davoir envie de faire pipi tout le long.. Je découvre une imondice de caca à l'intérieur et c'est vraiment peu de le dire. Je me vide vite fait et part rejoindre le 1er tapis. Je cours avec les 4hoo. Jarrive a tous les dépasser et on se retrouve encore retenus en bas, alors je montre mon dossard au renoi qui tient le ruban bleu, et je lui dis que jetais aux toilettes. Il me laisse filer. La course commence.

    L'avenue des champs est à moi et aux ponchos Jogging laissés ci et là. Mon but : retrouver les violets, les 3h45. Rejoindre le ballon 3h45 et lui coller au cul. Et puis cela arrive assez vite. J'enleve carrément ma montre pour la garder dans ma main pour maintenir une allure ni trop rapide ni trop lente. Je ne suis pas portée par le flux des coureurs, mais je ne suis pas génée non plus, et les supporters me regardent. C'est tellement vide derriere et autour demoi que je me dis que peut etre certains pensent que je suis la derniere.. En vrai, il reste plus de 20000 personnes bouillonnants denvie de parcourir ces 42 km. Je mets du temps a decouvrir un meneur dallure violet, qui est une meneuse dallure. Je mets encore plus de temps a le depasser. Je marrete à chaque ravito, je prends un peu d'eau, comme le monsieur avant le depart il a dit de faire. Cette année ma force c'est d'avoir decouvert mon systeme de ventilation, alors dés les premiers km je m'autorise à souffler comme un boeuf, et ca m'assoiffe. Avant ou pendant les raviots, je prends au choix soit un mini mini carambar, soit un sucre la perruche. (Quelle horreur quand jy repense.) Puis je rince et me desaltere avec leurs petites vittel.
    Je gagne beaucoup de temps, je n'arrete pas de depasser beaucoup de monde. Je me fais un kiffe a matter ma montre des que je passe le 5°, le 10°, le 15°, pour constater l'avance que j'ai sur mon objectif. A un assez long moment, jai meme de l'avance sur le 3h40 révé secrètement. Je ne comprends pas ce qui peut marriver. Je suis tellement bien dans le cardio, jai tellement la patate, j'arrete pas de sourire. Jsuis trop ravie detre dans mon element. Je pense plus a la vie, a mes angoisses, je cours, juste se laisser porter par une volonté muette mais bien présente. Ya trop de choses à voir, des elements plus importants, plus farfelus, plus rigolos les uns que les autres viennent a moi. Je suis receptive, jessaie de ne rien louper, je ne pense meme plus ou a peine a ma course. Je check juste machinalement ma montre et mon allure toutes les 10 secondes.
    Des que jai un peu de temps je repense à mon premier marathon. Cette envie de pisser, ce mal de hanche, cette chaleur, cet inconnu.. Rien de tout ca nest la pour me contrarier aujourdhui. Javale le semi bien, tres bien, presqu'1 minute davance sur le 3h40. Ca fait 6 minutes davance sur 3h45, mais a ce moment là, je ny pense pas. Je vais les consommer bien comme il faut plus tard.. et je remercierai le dieu qu'existe pas de m'avoir laissée gagner cette marge pour pouvoir marcher plus tard..

    Les choses dans lordre, c'est que passé le semi, au 25°, ca commence à etre legerement tendu dans la tete. Lassitude, interrogations, c'est l'endroit ou j'm'etais pris le mur la fois passée. Les ponts arrivent pour moccuper lesprit et chasser ces idées débiles : je gère bien dans les descentes, je prends une claque dans les montées, comme d'hab. Le premier tunnel est absolument interminable. Je coupe ma musique, jentends plus rien, et ce, meme avant que la vague de coureurs ne se mette a hurler.
    Tout ca se passe sans encombres, presque sans doutes. Il fait beau, il fait meme chaud. Je regrette un peu mon cahouet. Ce qui sera loin detre le cas apres larrivée. Je pense à souffler bien fort. Je savoure a fond chaque gorgée de vittel qui me fait vraiment kiffer. Certains groupes de musique dechirent trop. Impossible de ne pas accelerer quand on passe a coté.
    Le 27°, le 28°, le 29°... Chaque km parait de plus en plus long. Je pense a tous ces gens qui courent pour la premiere fois et qui doivent apprehender ce mur mythique des 30. "le marathon commence au 30°", dit-on. Pour moi, cette fois, ce sera vrai. Très tôt, j'ai des remontées acides jusque dans la gorge. Mais c'est quoi ça ? Jvais gerber ou quoi ? Jai pourtant manger que des sucres.. que de la douceur... Enfin jai aussi mangé deja bcp de km, et pas en douceur. Je tiens bon, j'arrive "a fond" sur la table des vittel des 30 et ya pas bousculade ici. Les gens sont peperes. Allez ca yest, cest foutu... Je marche. A ce moment la jai pas encore conscience de l'injection de drogue que jme suis autorisée en marchant un tout petit peu. Pour le reste, ca va etre la debandade, je vais pas arrete de penser a marcher, et pas seulement à penser, mais aussi à me l'autoriser. C'est là que les supporters m'insupportent, ils commencent à m'agacer, ils braillent sans cesse et ca magresse. Je les ignore sans le décider, mon esprit est accaparé par la douleur que j'ai aux cuisses. La musique ne ma pas trop aidée, ou, comme ils disent aux etats unis, elle ne ma pas vraiment 'dopée'. Je suis quand meme contente de l'avoir lorsque je le decide, et surtout de pouvoir leteindre aux moments ou je la supporte plus, lorsqu'elle me fais perdre de lenergie, lorsqu'elle appelle ma concentration a penser a autre chose quelle ne devrait. Regulièrement, je me motive en me rappelant qu'au 32, ma maman mattend. Ca va me donner un ptit coup de boost dans les fesses, cest obligé. Le 32 va arriver, il en restera 10. Cest beaucoup mais pas tant que ça. Les 3/4 sont passés. Ca commence a etre dur. Au 32, je zyeute partout, ya pas masse de supporters alors a droite, a gauche, je ne peux pas la louper. Le 33° arrive, pas de maman. :( Il reste une chance de la voir au 35° mais je suis loin detre assez fraiche pour zyeuter partout comme je l'ai fait precedemment.
    Bon le 35 arrive et moi j'arrive plus. Quand je me suis arretée tout a lheure, mon corps a du se dire "cool, cest fini !, et vas y jenvoie les acides et compagnie". Du coup, la je me retrouve avec un de ces plombs dans mes cuisses. Jreflechis à tout ce que je me suis dit pendant la preparation. Mon but, pourquoi je suis ici, pourquoi faut continuer, comment pousser lesprit a prendre le pas sur le mental, mais les pensées mechappent. Je ne suis plus dans moi. tous ces conseils que jai pourtant révisés : "quand ca ne va pas plus, ne vous dites pas pourquoi vous en êtes là mais bien comment sen sortir", ou encore "sortez de votre corps, survolez la scene en helicoptere et voyez-vous d'une maniere exterieure a vous meme" Toutes ces judicieuses astuces mont traversées lesprit avant le semi, et je les chassais "mais non, cest pas le moment, tu penseras a tout ca quand tu souffriras".. et finalement pff jai meme pas eu loccasion tellement les douleurs de mes jambes prenaient le dessus.
    Ou j'en suis maintenant ? Jen suis à regarder ma montre pour absolument pas abandonner le 3h45 ! Le 3h40 est cuit. Ca voudrait dire qu'il faudrait que je finisse à 12 tous les km qu'il reste, cest mort. Si je vise 3h45, ca me fait courir les km à 6min, soit 10 a lheure, on est raisonnable, et ca me laisse meme une miniute pour marcher. Je voulais 3h40 ou 3h45. Le 3h44 je men fous. Le 3h43 aussi. Je veux pas gratter une minute pour gratter une minute, je veux me reposer. Et quand meme me prouver que jen ai dans la culotte et que je vais le respecter cet objectif.
    Un collègue me rejoinds lorsque je marche. Il coure un peu avec moi et me demande quel est "mon objectif du coup" ! Je demords pas, je persiste et signe : "bah tjrs 3h45". Il me dit "ah oui" et que le ballon est passé il y a pas longtemps. Tss... s'il savait que jen ai rattrapé un, et que je lavais bien grillé meme. Je me remets a courir sauvagement apres cette rencontre : je monte à 12... une quinzaine de secondes. Je pense à kdr... mon collegue men demande des nouvelles dailleurs... Il a fini ctenfoiré. Il est avec ma maman et son mal dans les jambes, heureux surement, sous le soleil que je ne vois plus depuis qq temps déjà.
    Au 39°, je me dis que je vais marcher quand je depasse le 40. Finalement je ralentis un peu l'allure et puis ca tient. Jattends davoir une enième crise de remontée d'acide, un mal de bide comme jamais j'en ai, pour m'arreter, comme ca a été le cas précédemment. Mais ca narrive pas. A la place de mon mal de ventre, c'est un magnifique panneau vert 41 qui arrive. Je le matte longuement, comme si je suis amoureuse de lui. Je jubile. Je ne vais plus marcher. Jenleve ma montre et jme mets plus sur lallure mais le temps. Voila le challenge : 6minutes pour 1km2. Alors j'accelere. la foule est là, les barrières les retiennent, ils sont dechainés, les bravos pleuvent, les applaudissements, les prenoms, les felicitations. Tout le monde ne sait pas ce que cest mais tout le monde suppose que cest dur. Je pense que ma tronche leur confirme qu'en effet, cest dur.
    Le chrono me rattrappe, je vois une ligne bleue à tirets au sol, cest le 42, putain putain putain. Jy crois plus, cest trop beau. Je me mets à 14, cest chaud a la montre, le temps defile a donf et je vais pas entamer les 3h45 quand meme !
    PAF! Je passe la ligne, j'eteins ma montre. 3h45min00secondes. Je decouvre plus tard un tout petit peu moins au temps réel. Quel bonheur. Jai envie de chialer. Je me contiens, ou c'est que jai plus de force pour pleurer je sais pas trop. J'hesite entre marreter la en plein milieu, ou remonter l'avenue pour voir mes proches, ou degueuler. Ya une barrière a droite, finalement sans reflechir, j'me glisse en dessous et ne laisse depasser que ma tete. Jsuis allongée, face au ciel. Le ciel na jamais eté aussi beau et bleu qu'aujourdhui. Je me plais a regarder cette pureté, dans lesquels qq corps flottants viennent se balancer, ils me bercent. Je fais redescendre mon cardio, je respire pour vivre, plus pour courir, quel kiffe. Je vois des 3h45 en toutes les couleurs, en toutes les polices, ils dansent autour de moi. Je lai fait. Cest fini. On y est.

    Je me relève parce qu'on me le demande. On verifie que ca s'evacue correctement, que je ne mendors pas, que je ne suis pas dans le coma. Je vais recueperer ma medaille et mon putain de tee shirt vert que jai trop mérité. Un peu de flotte, qq bouts de bananes et le dernier km en recup avant la fin de la sortie. Ca yest. Maman et kdr sont là. Enfin ma maman !!! Elle me felicite, me dit que cest un super temps, que ya pas bcp de nanas dans les 3h45. Cest vrai. Je suis tellemet emue de la voir, ca me fait trop plaisir. Comme quoi, toute la vie, une maman ca reste une maman. Jai super mal au bide. Les crises acides me torturent vraiment. Je vais aux toilettes dans un bar, la barman gueule un peu, mais je reussis a quand meme deposer mon immonde forfait dans ses toilettes toutes propres. Je laisse les wc aussi nickel quen arrivant, elle a pas de quoi gueuler, jai meme pas utilisé son pq mais les mouchoirs de ma bien aimée qui ma accompagnée. Jai appris que kdr avait explosé, il est parti trop vite et fini donc en 3h39. Aie. Ca lui fait mal et je le comprends. Cest tjrs tres decevant de pas faire ce qu'on pensait etre capable de faire, ce qu'on etait sûr de faire, meme si la distance reste majestueuse. Jaurais bien aimé reussir a les faire les 3h39 moi aussi.. Mais bon on va y aller par pallier. Par contre un de mes collegues a fait 3h52, comme à son dernier marathon, je lui ai mis une bonne raclée, ca fait plaisir...
    Ma maman continue a prendre soin de moi. On discute un peu, elle est contente quand le soleil me rechauffe, elle me frotte mes doigts blancs pour que tout aille pour le mieux pour moi. Elle a les mains toutes douces et toutes chaudes, quel kiffe.
    Emilie tarde vraiment, alors on se leve apres avoir attendu un sacré moment. Elle menvoie un texto a ce moment là, avec son resultat. 4h23 et elle rentre à Lille. Elle est contente de l'avoir fini, elle est contente de savoir ce que c'est. C'est chronométré pour elle, elle doit partir, alors ca marrange presque car jai trop froid. J'aurais ses impressions par telephone, plus tard. Ma soeur a pu me suivre via lappli iphone, elle a su mon temps avant que je lui annonce. :)
    Je rentre dans une voiture restée au soleil. Mal au dos à l'appui contre le siège mais la chaleur passe tres bien. On rentre se laver (je pense au jet deau glacée que japprecie enormément) et puis je regarde mon bidon, je suis plate comme jamais, jai du perdre 2 ou 3 kilos ce matin. Je découvre mon temps réel et ma place parmi les femmes : Dans les 700° femmes sur pres de 8000 arrivées. Puis je me couche 30 minutes sans réussir a trouver le sommeil avant davaler un sandwich. Ca fait du bien de marcher, de descendre les escaliers, moins... Jai comme des bleus sur toute la peau, meme entre les fesses. Quelques textos de felicitations qui passent bien, de certains qui savent ce que cest, et dautres qui simaginent, qui croient simaginer.


    (3h30 pour 2014?)

     


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  • 37° Edition de Marathon de Paris

    Pré-marathon 2013Ptain ptain ptain. Javais pourtant bien dit que jallais pas me prendre la tete et pas stresser, pas trop y penser, pas trop en parler. je peux pas men empecher, je veux pas men empecher. On en parle bcp avec Kdr : les stratégies de course qui changent selon si on est un jour pair ou impair, selon le pied duquel on sest levés, si on a envie de pisser au moment ou on le dit, comment s'habiller le jour J, comment se ravitailler, quoi emmener...

    On revient de la running expo. Cetait cool parce quon a trouvé des ecouteurs mortels. Special sport, vert fluo, le genre decouteur qui tombe pas, en forme d'oreille quoi. Ca fait plaisir aussi parce que quand je lai essayé, j'ai cru que mon iphone etait branché sur une chaine hifi. A part ça, je me suis dégoté un bracelet de mon objectif 3h45, puis j'ai rajouté un petit papier ambitieux, (3h40, soit 11,5 de moyenne) au cas ou tout se passe vraiment mega bien, et que je puisse accelerer plus que prevu. Je pourrais ainsi commencer à jubiler avant l'arrivée.

    A part ca, on a été bouffer du riz a la rice party de l'oncle Ben ! Au choix yavait poulet coco ou risotto aux champignons. On a opté tous les deux pour le poulet coco, mais aucun de nous n'a senti la coco. On se regale quand meme. Une banane de martinique et 1,5L de vittel nous coûtent 5€ chacun, donné. Cest le seul truc pas cher du salon. A part ca, je vois des petites bananes pour ranger les gels à 24€, ou meme des gels GU que jachete à plus de 2€ la piece. Et le comble : des tasses blanches ripouldingues à 10€ pièces. "souvenir marathon". Les etrangers seront ravis de se faire plumer, s'ils ne la cassent pas pendant leurs trajets retour.

    Sinon pour le plan, ca commence a se concretiser : c'est de partir à 11,3 et de tenir le semi à 11,3 ou 11,5 si vraiment ca va bien, mais faut pas flamber plus, franchement, je tiendrai pas. Passé le semi, ce sera au choix (jespere) : soit on continue à 11,3 , en esperant avoir réussi à respecter le temps sur base 11,5 pour le premier semi, mais ca devrait le faire, et on tient 11,3 jusqu'au bout. J'aurais donc gratté un peu d'avance sur la première partie, ce qui me permettra de pouvoir ralentir sur les ravitos, voir marcher un tout petit peu sans perdre de vue mon objectif des 3h45. Ou deuxième possibilité : ca va vraiment bien, sachant qu'il en reste la moitié, et que cest la plus dure, on accelère un peu ou on tient 11,5 et on tape dans les 3h40. Je compte sur moi !

    A l'honneur cette année : les collations prises avant davoir faim, avant davoir l'envie ; plus de boisson des 80minutes avant le depart (j'arrete de picoler des 7h40 !), une pisse avant le coup de petard : au mac do sil ny a pas trop la queue, dans un bar sils sont sympa, entre deux vehicules sil faut, mais je ne revivrais pas ce que jai du vivre en 2011, un mental à la fois têtu et solide.

    Pré-marathon 2013

     

     

    Pour l'alimentation voilà comment j'ai géré l'affaire : mardi, mercredi : pas de feculents autorisés. J'en perds meme 1kg. Jeudi, vendredi : riz le midi, pates le soir. Et samedi : pates le midi, et comme dirait emilie pour le samedi soir: pates en entrée, pates en plat , et peut etre des pates en dessert. On mange donc à cinq avec mon amie mimie, son amie qui le fait, une autre copine qui les heberge toutes les deux, kader et moué. J'ai commencé le malto depuis hier. Berk berk berk. Saveur citron, ca passe mieux que le neutre ou le framboise qui etait sincerement gerbique. Demain, je "cuisine" le gatosport pour le consommer 3h avant la depart.

    Hier, je sentais encore de la fatigue dans mes jambes, aujourd'hui, jai envie de galoper. Peut etre la running expo, la concretisation, voir que nous ne sommes pas seuls dans les problèmes et l'inconscience lol.

    Derniere ligne droite, c'est ce week end, ca y est ! Je savais bien que ca finirait par arriver un jour.

    Allez, pasta, sommeil, repos, et blabla demain soir avant une bonne nuit pas trop agitée, pas trop courte jespere.


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  • Semi de ParisSEMI DE PARIS 2013

    J'achète un dossard à l'arrache, une semaine avant la course, un peu au hasard je vais voir sur les forums si yen a a vendre. Coup de chance je tombe sur un post tout récent d'un dossard fille sas 1h40 vendu à 35€. Ca se goupille très vite par mail et ca y est : dans ma tête tout est plus concret. Je ne me bouscule pas, je ne me panique pas. Je compte y aller avec ce que je sais faire. Je n'ai suivi aucun programe marathon, je le fais parce que les compet me manquent.. Ce bain de monde, cette ambiance, cette envie de dépasser les autres, et surtout de se dépasser soi meme... La semaine du semi, je ne cours pas beaucoup : je nage un peu, et je fractionne leger le mercredi midi en faisant 2 series de 9x(30-30) en douceur et c'est tout !Je prévois de manger des pâtes le samedi soir, quand même.

    Le matin du jour J, j'ai du mal a me lever, je traine un peu, je suis carréement pas motivée. le seul truc qui me branche, c'est le gateau aux pommes super sucrée et cramé (soi-disant raté) que ma soeur ma donné la veille. J'engloutis ça et un tout petit peu des restes du gateau sport de kdr, pour me donner bonne conscience, pour me rassurer. Jai pas pris de malto non plus. Par contre, je me suis bien préparée au ketum dans mes mollets cette semaine et dailleurs jen remets une couche dimanche matin.

    Pour le reste, il fait froid, donc je sors mon cahouet, mon truc a manches longues, ma jupette et mon legging. Ma casquette porte bonheur et bien sur ma super liste de lecture iphone que jai préparée samedi. Elle ne dure même pas deux heures, jespere ne pas entendre deux fois la meme chanson !

    Allez, assez de blabla, une vitamine, mon aspegic chéri, et nous sommes fin prêts a partir.

    Je tiens a preciser que cette semaine jai fait un travail mental important sur la course. je suppose que ca y a fait. Quand jy pensais, je me disais : "allez a fond, on fait comme si cest le but final, ca se trouve il ny aura pas de marathon . Pas grave si je me fais mal, et pas grave si je fais pas le temps escompté, euh dailleurs, cest quoi le temps escompté? Euhh bah yen a pas trop en fait..."  Et ça cest etrange.

    On part pas du tout à l'heure a laquelle on voulait partir (fidèles à nous mêmes): on se tape la galere en voiture : 30 670 coureurs, ca fait du monde sur la route. Sans compter les sections bouchées à cause de la course et du marché dominical qui fout encore plus la merde.

    Kdr devient nerveux, il nous en veut detre partis si tard et aussi de ne pas avoir pris son coupe vent. Moi, je surveille ma montre, mais je vois qu'on aura le temps quil faut pour se chauffer.  On va pas courir un semi avant le semi de toute facon. Il sagit juste de rechauffer les muscles et de monter un peu le cardio. On se gare a larrache.

    Jai carrément pas envie de courir, j'ai la flemme. Jregarde ma montre a lechauffement, jsuis à un vieux 10... c'est nul, il fait froid, suis pas prete, ya du monde, jvais pas pouvoir courir a mon ruthme sans effort, va falloir slalomer, faire gaffe aux ponchos qui jonchent le sol...Jme dis allez 1h50 et cest fini on oublie tout, on rentre, on mange.

    Zou, après les ptites foulées et les étirements, on va trop aux buts : nos sas respectifs, et on se dit au revoir.  et puis là, je suis prise dans la foule : coincée entre des milliers de coureurs qui sautillent, qui dansent, qui s'etirent, qui jactent, qui chantent... La pression comence un peu a monter et je sautille a mon tour, je veux pas me refroidir ni faire redescendre le cardio.

     

    La foule avance, ca y est la course va debuter.  Ma course ne commencera pas à 10h, mais à 10h20. J'n'étais pas pressée de marcher sur le tapis de départ. Je le passe et j'oublie pendant quelques secondes d'activer ma montre, jsuis a la ramasse. Dautres joggeurs qui le font my font penser et tic, jappuie dessus. Le musique s'eloigne et laisse place au seul bruit de pas de tous ces coureurs inégaux réunis dans un même but. La musique de Django démarre, et je sens que ma playsliste est parfaitement adpatée a ce que j'aime en ce moment : elle a été concoctée par mes soins très fraichement. Je ne monte pas le son à donf, j'ai envie de rester à l'ecoute de ce qui se passe autour de moi, je ne veux pas que ma musique m'agresse et me force à courir selon un rythme imposé. Je veux juste pouvoir l'ecouter quand je le decide et l'entendre le reste du temps.

    Le depart est lent, comme d'habitude, je me dis que je perds du temps, on n'est même pas à 11. Je sais bien que je peux faire mieux que ça. Alors dés que possible, je me dégage de la foule en suivant les petits malins qui prennent la contre allée semi-boueuse à gauche. C'est pas très droit, mais ça a le mérite de rouler à l'allure du sas. Je gère pas trop mon allure : je monte en flèche à 12,5 sans sentir de difference dans ma foulée ou dans mon cardio, alors je continue un peu comme ca et puis je constate que c'est pas désagréable, et que je suis loin d'etre à l'agonie comme je peux me sentir l'être en fractionné. Assez vite, je me trouve un petit lièvre, paradoxalement, c'est un grand dadet, qui, comme beaucoup, est habillé en jaune. Je le suis à la trace, je quitte le trottoir dans son sillage, je remonte dessus dès qu'il le décide. Je me dis qu'il va savoir que je le prend pour un lièvre, son allure me convient, et il a l'air regulier et solide. Je pense déjà a lui dire merci à la fin de la course, mais en fait à un moment, il se tire complètement vers la droite, alors je lache l'affaire. C'est là que je constate à ma très grande surprise qu'il est parti chercher de l'eau... De l'eau ? Jai englouti 5km à plus de 12km/h sans morfler du tout. C'est dejà une victoire.

    Je ne sais plus trop à quoi je pense pendant les 5 km qui suivent, je crois que je me dis "allez, plus que 4 fois ça.", et je m'amuse à calculer les temps d'arrivée si je pouvais continuer a cette allure... Je ne visite pas Paris. Je n'entends pas ma musique. Je me concentre beaucoup sur les depassements, sur le public, sur les promeneurs, j'ecoute les encouragements, je tape dans les mains des enfants par ci par là et je souris aux groupes de musique qui nous fournissent du bon son qui donne vraiment la patate. Il y a une montée qui m'avait tuée la dernière fois que j'avais fait le semi. Car c'est là ou mon collegue en avait profité pour me semer, parce que je  pense que soit-disant, dans les montées, jsuis naze. Alors je redouble de concentration, des petits pas, j'essaie de continuer à doubler des gens, de rester dans le meme delire de vitesse que sur le plat : on suit la masse, avec une allure un petit peu plus elevée que ceux qui mentourent. Ooooh ca y est c'est dejà fini, je profite de cette petite descente en recompense : allez à fond !

    Puis je dépasse le 10°... Je le sais parce que je vois le ravito, mais en fait sur ma montre, je ne surveille que mon allure, qui est assez irreguliere je me souviens. Elle varie selon ceux qui m'entourent, selon ceux qui me gènent, ou au contraire selon ceux que je suis ou suivant l'espace que j'ai devant moi. J'ignore completement le ravito, car pour moi, je trouve ça debile. Débile de perdre du temps là, à se bousculer, alors que d'habitude, je ne bois ni ne mange pendant mes sorties, même longues. Je sais que l'effort nest pas le meme, mais sur le coup, je trouve ça incongru alors je le zappe. Quand j'ai passé le tapis du 10, et qu'il me restait encore plein d'energie sous le pied, j'etais deja super contente. Je me disais : voilà ! Les preuves sont là, ca me fait un 10km à 12, et il me reste de la force.. Jpensais aux futurs foulées que jferai, et me disais que je pourrais ptete descendre encore sous mon score de la derniere fois. (48min50 aux buttes chaumont)

    Du 10 au 15, je ne me souviens pas de grand chose. Je continue mes slaloms, je suis étonnée de vois l'average de ma montre ne pas trop osciller : 12km/h, je la monte même à 12.1 alors que je vois que ma montre a du retard. Je passe au 11° km 800 à ma montre quand on m'affiche que c'est le 12eme!! Bonne nouvelle donc. Jai de la marge, je risque bien de reussir à faire 12km/h de moyenne à ce semi, je commence à y croire.

    Au 15°, ca devient dur. Je sens que ma respiration s'accelere, jai limpression que tous les coureurs autour de moi m'entendent souffler comme un boeuf, doivent penser que je vais bientot claquer , je respire comme en fractionné, je n'ai plus de tabous. Pourtant je me sens encore puissante et forte dans les gambettes. Ca yest je suis dedans, ce que je veux, cest la perf. J'entends les musiques de la danse, et je pense à ce que les danseuses peuvent endurer, et je me dis que moi c'est rien ce que je fais par rapport a leur souffrance, leur investissement, leur perseverance. Tout ceci m'aide a accelerer et à aller au delà de mes limites, des limites que je suis la seule à me fixer. Je pense à ceux qui souffrent vraiment dans leurs vies, à ceux qui meurent, à moi qui vais mourir, à l'univers. Jme dis que ce semi n'est rien. J'apprecie les faux plats descendants, mais je redoute ma demotivation, mes jambes en coton. Jen ai marre. C'est dur. Je pensais que le dernier quart passerait plus vite que ça, et je commence à regarder de plus en plus souvent ma montre, moins pour lallure, plus pour savoir le nombre de km qu'il me reste. Je persiste quand meme dans mon allure de 12km/h voire un peu plus dés que je retrouve un peu de force mentale. J'essaie de me forcer à me souvenir de ces moments difficiles : ou je me dis qu'il ne faudra pas avoir de regrets a larrivée, que je suis au maximum, que je ne peux pas faire plus. Je suis tirailée par l'envie de detaler completement, de me laissser aller, et par ma raison qui me rappelle quil en reste encore à faire, qu'il faut gérer pour ne pas se retrouver obligée de marcher comme ceux-là qui claquent par ci par là, pas si pres du but. J'en vois un allongé par terre entouré d'un masque et de 3 personnes de la croix rouge. Un frisson me parcoure la colonne vertébrale. Je me souviens que je pense au marathon , et que j'ai pas envie de le faire.

    Plus que 4, plus que 3, plus que 2, plus qu'un km.. et puis je finis par y arriver. Je me permets de foncer quand il me reste 300 metres. Finalement, il me reste de lenergie pour finir en sprint, mais larrivée arrive trop vite. Il m'en restait encore quand je passe larrivée. Dommage, j'aurais du accelerer plus tot. J'aurais pu gagner 20secondes facilement sur le dernier km. Jetais bien.

    Jai passé une super course, je pense a appuyer sur ma montre pour la stopper, comme au depart, ce sont les joggeurs qui tripotent leurs montres my font penser. Jvois 1h43 ! Jsuis un peu fachée contre moi d'avoir mal geré l'acceleration de la fin, mais suis hyper contente de mon allure moyenne et de mon temps. Jsuis vraiment tres contente. Je reste surprise de ce que j'ai été capable de faire. Je pense à mes fractionnés, je me dis que je fais vraiment du cinema quand je fractionne à 12,7 ou 13 pour des 400metres. Alors que je suis capable de courir plus de 21km à 12,3. Je pense à ma manière de me sous estimer, à top chef . Je m'interroge encore et encore sur l'importance et la puissance de la preparation mentale. Je suis pressée de retrouver les miens pour leur annoncer mon temps. Jespere que ca c'est bien passé pour lui. Je me demande si ma maman ma vue. Jai mal aux mollets, je lai senti pendant la course. Ca fait du bien de marcher, mais mon cardio, ma respiration, reviennent tres tres vite. Ca me surprend. Après coup, je me dis que c'est ça le résultats des fractionnés. Je men veux un peu de pas avoir fait mieux. Je sais que jaurais pu pousser encore plus et gratter qq secondes, principalement sur la fin. Cest pas grave, ca me laisse une marge de progression pour le prochain semi. Cest vraiment sympa cette distance. J'avais pas passé une aussi bonne course lors du semi de paris en 2011. Jai pas souvenir davoir été aussi contente de mon temps. En 2011, j'etais triste que mon collegue ait fait mieux que moi.

    Pas d'enleveur de puce, elle est dans le dossard. Mais je récupère ma medaille, pas très belle, je prends l'eau de la fin, alors que je n'ai encore pas soif. Je me force à boire une petite gorgée de leur vittel glacée, car je nai rien avalé depuis 9h (ou peut etre qq moucherons...) et surtout je raflte 2 tiers de bananes que je trouve tres bonnes.

    Je retrouve dabord kdr, on est tous les deux morts de froid. Il est deçu de son temps, il est plus rapide et plus fort que ça normalement. Il a été malade les 3 jours qui precedaient la course, ca ne met pas du tout dans de bonnes conditions. Pourtant yavait de la préparation.

    Quand le verdict des temps réels tombent, on constate qu'à quelques secondes pres, jai meme couru un peu plus vite que lui. Il pensait etre dans les 1h42, en fait il finit comme moi : 1h43. Nos temps sont les memes mais nos reactions tres differents. Ca se justifie : c'est presque son pire temps sur semi, et moi mon meilleur.

    Je pensais pas m'être autant mise à jour depuis ma reprise de la CAP pour faire une telle perf. Jai bcp fractionné ces derniers temps et je pense que ca m'a aidé à gagner en vitesse. J'avais limpression detre tellement naze dans mes entrainements... Par rapport a avant. Ce semi me redonne confiance en moi. Ce matin en ouvrant les yeux, jai repensé à hier, et ca ma remplie de joie. Apte à courir 21km à plus de 12km/h, je ne joue plus dans le cour des petits.

    Pour le marathon, on verra... c'est sûr qu'un temps comme ça, ça donne envie de courir le marathon pour exploser mon 4h...


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