• Marathon de Paris 2013

    37 eme edition du MDP 2013. Voici mon recit ; voici ma médaille.

    Marathon de Paris 2013En intro, voici les pronostics puis à gauche les temps réels :
    Emilie : 4h00 (4h23)
    Sa collegue : 4h12 (4h23)
    Kdr : 3h27 (3h39)
    Moi : 3h50 (voir fin récit)
    Notre collègue n°1 : 3h43 (3h52)
    Notre collègue n°2 : 3h28 (3h33)
    Le frère du collegue 2 : 3h34 (3h33)

    Emilie et une collègue à elle le font cette année, alors on décide de bouffer des pâtes ensemble la veille au soir. Dailleurs, on coure en même temps que du monde que l'on connait : il y a deux collègues à nous et le frère d'u des collègues, avec qui kdr s'est beaucoup entrainé.
    L'heure du départ est programmée la veille, en rentrant de la pasta party chez emilie : 7h45. Je trouve ca un peu just car l'on sait que le sas de kdr 3h00 ferme ses portes à 8h30. Je compte d'avance un leger retard sur notre depart, quelques bouchons possibles et surtout une difficulté a trouver une place pas trop abominable. Rien n'y fait : après 1/2 gatosport chacun (dé-gueu-lace), on part près de 8h10, cest chaud. On arrive malgré tout bien préparés (aspégic, vitamine, dossard, mouchoirs, sucres), sans oubli, et on se gare facilement, très proches du départ.
    Cette nuit jai mal dormi, me suis reveillée pour pisser, et mon coeur narrivait pas a se calmer, je ne trouvais pas le repos, j'arrive deja plus à gerer mon mental avant meme davoir pris le depart, ah, elle va etre belle la course demain !  Ce matin j'ai été mega stressée. Mal au bide, jarrivais pas a me raisonner. :(
    Quand on arrive, c'est trop beau, c'est magique : tous ces joggeurs en ponchos jogging ! La ville est lumineuse et claire, il fait beau, il fait frais, je vois net. Kdr se grouille, moi je m'arrête devant mon sas lorsqu'il me dit au revoir pour qu'il parte se glisser plus facilement dans la foule pour atteindre son sas et son lièvre, qu'il devait retrouver au départ à un point prècis à 8h30.
    Je me place dans la file d'attente pour les toilettes qui ne semble pas avoir de fin. Je me dit que le départ est dans longtemps alors jattends patiemment, ca moccupe. Il ne fait pas si froid. je nai pas trop envie de faire pipi, mais je minterdis de partir sans avoir fait. Cette fois, je ne perds pas une seule minute a cause de ça. Jattends, jattends, et jentends le depart des 3h, je pense à lui, puis le depart des 3h15.. 3h30, ça va très vite, bien plus vite que l'avancée de la fille d'attente des toilettes ! Les 3h45 avancent, courent, et il ny a plus personne. Je vois derrière moi le sas de 4h00, blindé, au taquet. Des lions prêts a partir, retenus par ce seul fil bleu que tous les coureurs respectent. Et puis une idée me vient : je descends jusqu'au depart, voir si les wc des autres sas sont libres. Mais je nen trouve pas, ils les ont retirés. Les 3h45 sont encore aglutinés, ca bouge pas bcp, on est loin de franchir la ligne. Je remonte vite fait aux toilettes et cette fois jattends les 2-3 personnes qui restent. Au pire je pars avec les 4h, c'est pas si grave. Beaucoup moins grave que davoir envie de faire pipi tout le long.. Je découvre une imondice de caca à l'intérieur et c'est vraiment peu de le dire. Je me vide vite fait et part rejoindre le 1er tapis. Je cours avec les 4hoo. Jarrive a tous les dépasser et on se retrouve encore retenus en bas, alors je montre mon dossard au renoi qui tient le ruban bleu, et je lui dis que jetais aux toilettes. Il me laisse filer. La course commence.

    L'avenue des champs est à moi et aux ponchos Jogging laissés ci et là. Mon but : retrouver les violets, les 3h45. Rejoindre le ballon 3h45 et lui coller au cul. Et puis cela arrive assez vite. J'enleve carrément ma montre pour la garder dans ma main pour maintenir une allure ni trop rapide ni trop lente. Je ne suis pas portée par le flux des coureurs, mais je ne suis pas génée non plus, et les supporters me regardent. C'est tellement vide derriere et autour demoi que je me dis que peut etre certains pensent que je suis la derniere.. En vrai, il reste plus de 20000 personnes bouillonnants denvie de parcourir ces 42 km. Je mets du temps a decouvrir un meneur dallure violet, qui est une meneuse dallure. Je mets encore plus de temps a le depasser. Je marrete à chaque ravito, je prends un peu d'eau, comme le monsieur avant le depart il a dit de faire. Cette année ma force c'est d'avoir decouvert mon systeme de ventilation, alors dés les premiers km je m'autorise à souffler comme un boeuf, et ca m'assoiffe. Avant ou pendant les raviots, je prends au choix soit un mini mini carambar, soit un sucre la perruche. (Quelle horreur quand jy repense.) Puis je rince et me desaltere avec leurs petites vittel.
    Je gagne beaucoup de temps, je n'arrete pas de depasser beaucoup de monde. Je me fais un kiffe a matter ma montre des que je passe le 5°, le 10°, le 15°, pour constater l'avance que j'ai sur mon objectif. A un assez long moment, jai meme de l'avance sur le 3h40 révé secrètement. Je ne comprends pas ce qui peut marriver. Je suis tellement bien dans le cardio, jai tellement la patate, j'arrete pas de sourire. Jsuis trop ravie detre dans mon element. Je pense plus a la vie, a mes angoisses, je cours, juste se laisser porter par une volonté muette mais bien présente. Ya trop de choses à voir, des elements plus importants, plus farfelus, plus rigolos les uns que les autres viennent a moi. Je suis receptive, jessaie de ne rien louper, je ne pense meme plus ou a peine a ma course. Je check juste machinalement ma montre et mon allure toutes les 10 secondes.
    Des que jai un peu de temps je repense à mon premier marathon. Cette envie de pisser, ce mal de hanche, cette chaleur, cet inconnu.. Rien de tout ca nest la pour me contrarier aujourdhui. Javale le semi bien, tres bien, presqu'1 minute davance sur le 3h40. Ca fait 6 minutes davance sur 3h45, mais a ce moment là, je ny pense pas. Je vais les consommer bien comme il faut plus tard.. et je remercierai le dieu qu'existe pas de m'avoir laissée gagner cette marge pour pouvoir marcher plus tard..

    Les choses dans lordre, c'est que passé le semi, au 25°, ca commence à etre legerement tendu dans la tete. Lassitude, interrogations, c'est l'endroit ou j'm'etais pris le mur la fois passée. Les ponts arrivent pour moccuper lesprit et chasser ces idées débiles : je gère bien dans les descentes, je prends une claque dans les montées, comme d'hab. Le premier tunnel est absolument interminable. Je coupe ma musique, jentends plus rien, et ce, meme avant que la vague de coureurs ne se mette a hurler.
    Tout ca se passe sans encombres, presque sans doutes. Il fait beau, il fait meme chaud. Je regrette un peu mon cahouet. Ce qui sera loin detre le cas apres larrivée. Je pense à souffler bien fort. Je savoure a fond chaque gorgée de vittel qui me fait vraiment kiffer. Certains groupes de musique dechirent trop. Impossible de ne pas accelerer quand on passe a coté.
    Le 27°, le 28°, le 29°... Chaque km parait de plus en plus long. Je pense a tous ces gens qui courent pour la premiere fois et qui doivent apprehender ce mur mythique des 30. "le marathon commence au 30°", dit-on. Pour moi, cette fois, ce sera vrai. Très tôt, j'ai des remontées acides jusque dans la gorge. Mais c'est quoi ça ? Jvais gerber ou quoi ? Jai pourtant manger que des sucres.. que de la douceur... Enfin jai aussi mangé deja bcp de km, et pas en douceur. Je tiens bon, j'arrive "a fond" sur la table des vittel des 30 et ya pas bousculade ici. Les gens sont peperes. Allez ca yest, cest foutu... Je marche. A ce moment la jai pas encore conscience de l'injection de drogue que jme suis autorisée en marchant un tout petit peu. Pour le reste, ca va etre la debandade, je vais pas arrete de penser a marcher, et pas seulement à penser, mais aussi à me l'autoriser. C'est là que les supporters m'insupportent, ils commencent à m'agacer, ils braillent sans cesse et ca magresse. Je les ignore sans le décider, mon esprit est accaparé par la douleur que j'ai aux cuisses. La musique ne ma pas trop aidée, ou, comme ils disent aux etats unis, elle ne ma pas vraiment 'dopée'. Je suis quand meme contente de l'avoir lorsque je le decide, et surtout de pouvoir leteindre aux moments ou je la supporte plus, lorsqu'elle me fais perdre de lenergie, lorsqu'elle appelle ma concentration a penser a autre chose quelle ne devrait. Regulièrement, je me motive en me rappelant qu'au 32, ma maman mattend. Ca va me donner un ptit coup de boost dans les fesses, cest obligé. Le 32 va arriver, il en restera 10. Cest beaucoup mais pas tant que ça. Les 3/4 sont passés. Ca commence a etre dur. Au 32, je zyeute partout, ya pas masse de supporters alors a droite, a gauche, je ne peux pas la louper. Le 33° arrive, pas de maman. :( Il reste une chance de la voir au 35° mais je suis loin detre assez fraiche pour zyeuter partout comme je l'ai fait precedemment.
    Bon le 35 arrive et moi j'arrive plus. Quand je me suis arretée tout a lheure, mon corps a du se dire "cool, cest fini !, et vas y jenvoie les acides et compagnie". Du coup, la je me retrouve avec un de ces plombs dans mes cuisses. Jreflechis à tout ce que je me suis dit pendant la preparation. Mon but, pourquoi je suis ici, pourquoi faut continuer, comment pousser lesprit a prendre le pas sur le mental, mais les pensées mechappent. Je ne suis plus dans moi. tous ces conseils que jai pourtant révisés : "quand ca ne va pas plus, ne vous dites pas pourquoi vous en êtes là mais bien comment sen sortir", ou encore "sortez de votre corps, survolez la scene en helicoptere et voyez-vous d'une maniere exterieure a vous meme" Toutes ces judicieuses astuces mont traversées lesprit avant le semi, et je les chassais "mais non, cest pas le moment, tu penseras a tout ca quand tu souffriras".. et finalement pff jai meme pas eu loccasion tellement les douleurs de mes jambes prenaient le dessus.
    Ou j'en suis maintenant ? Jen suis à regarder ma montre pour absolument pas abandonner le 3h45 ! Le 3h40 est cuit. Ca voudrait dire qu'il faudrait que je finisse à 12 tous les km qu'il reste, cest mort. Si je vise 3h45, ca me fait courir les km à 6min, soit 10 a lheure, on est raisonnable, et ca me laisse meme une miniute pour marcher. Je voulais 3h40 ou 3h45. Le 3h44 je men fous. Le 3h43 aussi. Je veux pas gratter une minute pour gratter une minute, je veux me reposer. Et quand meme me prouver que jen ai dans la culotte et que je vais le respecter cet objectif.
    Un collègue me rejoinds lorsque je marche. Il coure un peu avec moi et me demande quel est "mon objectif du coup" ! Je demords pas, je persiste et signe : "bah tjrs 3h45". Il me dit "ah oui" et que le ballon est passé il y a pas longtemps. Tss... s'il savait que jen ai rattrapé un, et que je lavais bien grillé meme. Je me remets a courir sauvagement apres cette rencontre : je monte à 12... une quinzaine de secondes. Je pense à kdr... mon collegue men demande des nouvelles dailleurs... Il a fini ctenfoiré. Il est avec ma maman et son mal dans les jambes, heureux surement, sous le soleil que je ne vois plus depuis qq temps déjà.
    Au 39°, je me dis que je vais marcher quand je depasse le 40. Finalement je ralentis un peu l'allure et puis ca tient. Jattends davoir une enième crise de remontée d'acide, un mal de bide comme jamais j'en ai, pour m'arreter, comme ca a été le cas précédemment. Mais ca narrive pas. A la place de mon mal de ventre, c'est un magnifique panneau vert 41 qui arrive. Je le matte longuement, comme si je suis amoureuse de lui. Je jubile. Je ne vais plus marcher. Jenleve ma montre et jme mets plus sur lallure mais le temps. Voila le challenge : 6minutes pour 1km2. Alors j'accelere. la foule est là, les barrières les retiennent, ils sont dechainés, les bravos pleuvent, les applaudissements, les prenoms, les felicitations. Tout le monde ne sait pas ce que cest mais tout le monde suppose que cest dur. Je pense que ma tronche leur confirme qu'en effet, cest dur.
    Le chrono me rattrappe, je vois une ligne bleue à tirets au sol, cest le 42, putain putain putain. Jy crois plus, cest trop beau. Je me mets à 14, cest chaud a la montre, le temps defile a donf et je vais pas entamer les 3h45 quand meme !
    PAF! Je passe la ligne, j'eteins ma montre. 3h45min00secondes. Je decouvre plus tard un tout petit peu moins au temps réel. Quel bonheur. Jai envie de chialer. Je me contiens, ou c'est que jai plus de force pour pleurer je sais pas trop. J'hesite entre marreter la en plein milieu, ou remonter l'avenue pour voir mes proches, ou degueuler. Ya une barrière a droite, finalement sans reflechir, j'me glisse en dessous et ne laisse depasser que ma tete. Jsuis allongée, face au ciel. Le ciel na jamais eté aussi beau et bleu qu'aujourdhui. Je me plais a regarder cette pureté, dans lesquels qq corps flottants viennent se balancer, ils me bercent. Je fais redescendre mon cardio, je respire pour vivre, plus pour courir, quel kiffe. Je vois des 3h45 en toutes les couleurs, en toutes les polices, ils dansent autour de moi. Je lai fait. Cest fini. On y est.

    Je me relève parce qu'on me le demande. On verifie que ca s'evacue correctement, que je ne mendors pas, que je ne suis pas dans le coma. Je vais recueperer ma medaille et mon putain de tee shirt vert que jai trop mérité. Un peu de flotte, qq bouts de bananes et le dernier km en recup avant la fin de la sortie. Ca yest. Maman et kdr sont là. Enfin ma maman !!! Elle me felicite, me dit que cest un super temps, que ya pas bcp de nanas dans les 3h45. Cest vrai. Je suis tellemet emue de la voir, ca me fait trop plaisir. Comme quoi, toute la vie, une maman ca reste une maman. Jai super mal au bide. Les crises acides me torturent vraiment. Je vais aux toilettes dans un bar, la barman gueule un peu, mais je reussis a quand meme deposer mon immonde forfait dans ses toilettes toutes propres. Je laisse les wc aussi nickel quen arrivant, elle a pas de quoi gueuler, jai meme pas utilisé son pq mais les mouchoirs de ma bien aimée qui ma accompagnée. Jai appris que kdr avait explosé, il est parti trop vite et fini donc en 3h39. Aie. Ca lui fait mal et je le comprends. Cest tjrs tres decevant de pas faire ce qu'on pensait etre capable de faire, ce qu'on etait sûr de faire, meme si la distance reste majestueuse. Jaurais bien aimé reussir a les faire les 3h39 moi aussi.. Mais bon on va y aller par pallier. Par contre un de mes collegues a fait 3h52, comme à son dernier marathon, je lui ai mis une bonne raclée, ca fait plaisir...
    Ma maman continue a prendre soin de moi. On discute un peu, elle est contente quand le soleil me rechauffe, elle me frotte mes doigts blancs pour que tout aille pour le mieux pour moi. Elle a les mains toutes douces et toutes chaudes, quel kiffe.
    Emilie tarde vraiment, alors on se leve apres avoir attendu un sacré moment. Elle menvoie un texto a ce moment là, avec son resultat. 4h23 et elle rentre à Lille. Elle est contente de l'avoir fini, elle est contente de savoir ce que c'est. C'est chronométré pour elle, elle doit partir, alors ca marrange presque car jai trop froid. J'aurais ses impressions par telephone, plus tard. Ma soeur a pu me suivre via lappli iphone, elle a su mon temps avant que je lui annonce. :)
    Je rentre dans une voiture restée au soleil. Mal au dos à l'appui contre le siège mais la chaleur passe tres bien. On rentre se laver (je pense au jet deau glacée que japprecie enormément) et puis je regarde mon bidon, je suis plate comme jamais, jai du perdre 2 ou 3 kilos ce matin. Je découvre mon temps réel et ma place parmi les femmes : Dans les 700° femmes sur pres de 8000 arrivées. Puis je me couche 30 minutes sans réussir a trouver le sommeil avant davaler un sandwich. Ca fait du bien de marcher, de descendre les escaliers, moins... Jai comme des bleus sur toute la peau, meme entre les fesses. Quelques textos de felicitations qui passent bien, de certains qui savent ce que cest, et dautres qui simaginent, qui croient simaginer.


    (3h30 pour 2014?)

     


  • Commentaires

    1
    david37
    Mardi 28 Mai 2013 à 08:37

    salut! TOP ton récit!! j'en ai fait un aussi si ça te tente de le lire, envois moi un mail!!! 

    bonnne continuation et bonne course

     

    david

    2
    wlokrsd Profil de wlokrsd
    Jeudi 30 Mai 2013 à 17:44

    Je veux bien oui, mais où est ton mail ?

    Comment as-tu connu mon site ?

    3
    David37
    Jeudi 30 Mai 2013 à 17:59

    Euh je sais plus comment j'ai trouvé ton site mais voici mon mail

    david.nivet2@gmail.com

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