• MARATHON DE PARIS 2011

     

    MDPMARATHON DE PARIS 2011 35eme edition

    L’avant-course :

    La dernière semaine aura été une semaine très stressante. Je pense beaucoup au marathon, on parle marathon, je bois du malto, je fais attention à ne pas me blesser, en moto ou a pied, et les soirs, je m’endors la-dessus. Les derniers jours, je mange des pâtes plus qu’à l’accoutumée, et je reduis les apports en sucre. Je me lache sur les bananes. J’ai l’impression qu’a ne pas courir pendant une semaine et a bouffer des pates, je suis un peu plus epaisse qu’avant. Il ne le faut pas, car je vais le payer dimanche ! Je ne me pese pas, alors je ne sais pas ce qu’il en est vraiment. Je me repose un maximum, surtout la nuit du vendredi au samedi, mais j’ai du mal a trouver le sommeil dans la nuit du 9 au 10.

     

    La course :

    Et voilà je termine mon tout premier marathon, mon marathon en 4h pile et quelques secondes. Je suis finisher, ca yest : j’ai la medaille, jai le tee shirt rouge ‘finisher’, j’ai les honneurs. Et encore hier Bertrand qui me dit que 42bornes, ce nest vraiment pas naturel ! Ca, je veux bien le croire !

     Comment se presentent les choses ?  Et bien, a peu près comme prévu : on part rejoindre tous les runners en scooter, kdr m’emmene, et on rejoint mon adversaire sur place. On a tous les deux le même objectif annoncé : 4h00, avec tous les deux un objectif secret, un petit peu en dessous de cette barre des 4hoo. Alors on se chambre gentiment depuis quelques temps, il est plus vieux que moi, il coure depuis plus longtemps, c’est un homme, il a du retard sur mon nombre de km à l’entrainement (principalement au mois de mars). L’ambiance et le soleil sont au rendez-vous, il va faire très chaud, c’est sûr. Dans notre sas, mon compagnon de course me demande si nous faisons la course ensemble. Je reponds categoriquement non, mais on part ensemble et on fait quand même les premiers km, doucement, cote à cote. Et puis je commence a accelerer, et puis il faut doubler les autres, slalomer dans la foule. Bref, mon collègue passe derrière moi. Le reste de la course, je ne le reverrai pas. Je suppose qu’il est toujours derriere, alors qu’il m’a peut-etre depassée, je n’ai rien surveillé. J’allume ma musique et je redécouvre mes jambes et ma foulée, que j’avais quittés depuis une petite semaine.

    Le départ est sympa parce que les gens avancent plutot pas mal, les champs elysées sont à nous, il y a de la place. Je reste vigilante pour ne pas me « cramer », comme on dit. J’ai effectivement, en début de course, plein d’énergie, et en plus de ca je n’ai aucune douleur. Le temps meteo est tip top. Je reste sur mes gardes quant à mon euphorie, tout en sachant bien que dans quelques instants, rien ne sera sans doute plus pareil. C’est  vraiment incroyable l’épuisement physique, mais c’est assez rigolo de jouer avec ça, tout compte fait. Sur le premier semi, il ne se passe rien d’incroyable : je suis fraiche, je fais deux BA : je sauve un coureur de la gamelle en lui montrant un gros detritus casse-gueule au milieu de la chaussée, je crie ATTENTION, et je prends deux bouteilles d’eau à un ravito pour la donner à un vieux qui me dira, non sans étonnement, ‘’merci beaucoup’’. Il y en a plusieurs que je connais pas qui me lanceront un encouragement personnalisé. J'ai remercié ou au moins souris a tout ceux que jai entendu : un pompier, un enfant, une femme, un autre pompier, une fille et sa mère. C’est a partir du 20eme, ou un peu après, que les choses commencent à se gater, pour finalement vivre une sorte de chauchemar, entrecoupé de moments de lucidité positive. Je remonte jusqu’au 24 ou 25eme, plutot pas mal. Mais déjà quelques douleurs sont apparues ci et là : sous le pied droit, a droite, et toujours cette foutue hanche droite. Le dos va bien. Soudain, quand je passe sous le premier pont, je commence à prendre conscience de la folie et de la difficulté de l’événement : une ambulance est annoncée derrière nous, l’ambiance est glauque, tout est terne, je sais qu’on est lancés pour trois parties de grimpettes. Ca pete de partout : a droite et a gauche, des etirements, des etirements, des crampes, des douleurs, et le petit monsieur qu’on vient secourir : tout enveloppé dans une couverture de survie, avec deux gars autour… Et là je me dis : « Et si ça tournait mal ? Et si je m’évanouissais ? Il faut que j’atteigne au moins le 30, car là, il y a un tapis, les preuves seront là, et 30km par 22°C, c’est dejà un bel effort… » Je suis pleine d’inquiétudes. J’ai soif, j’ai envie de faire pipi, et ce dernier problème, depuis le 21ème. Je continue à prendre du sucre tous les 5km mais je me force : c’est pas bon, ca donne soif, il faut le croquer, je pense aux caries, je me demande si je vais reussir à ouvrir le papier, s’il m’en restera assez jusqu’au bout ? (oui, je compte aller jusqu’au bout). En plus de mes douleurs à la hanche et au pied droits, de l’envie d’uriner, et de la soif, j’ai mal au ventre par crises, et j’ai des remontées très très acides. Je me masse le dos en prévention, je n’ai toujours pas de douleurs. Je regrette d’avoir trop bu au depart, trop peur de tomber en etat de deshydratation : je me tape deux petites gorgées d’eau à chaque ravito. Mais serait-ce trop ? J’ai toujours envie de faire pipi, mais c’est une gene qui a tendance à presque disparaître face aux autres problèmes… Je perds mon avance, le temps qui separe chaque kilometre devient de plus en plus long. J’ai trop soif. Au ravito du 30eme, je marche, comme tout le monde, et ca me permet de boire au calme, et de bien repartir. Et puis je me traine jusqu’au 33ème, l’infect Powerade est là. Les gobelets jonchent le sol, je jette un œil à la table, mais comprends qu’il n’ya pas de Vittel ici, alors je file tout droit. Ca colle les pieds, ca pue. Vient ensuite le marathon de Vannes qui fait sa promo et on nous propose du vin... J'ignore la table. Et celui pour lequel je n’avais pas marché jusque là, vient juste à coté de moi : il crie mon prénom, et coure avec moi quelques mètres. Il me demande si ça va, je reponds machinalement oui, alors que j’ai envie de pleurer. Je lui communique brièvement ma souffrance avec un petit ‘’c’est dur’’. Il me dit de m’accrocher, que c’est bien et que je suis sous les 4h. Je lui dis « pipi », il fallait que quelqu’un le sache ! Il me dit encore quelques mots gentils, et il s’en va « allez, je t’attends à l’arrivée ». Je suis triste.. C’est dans longtemps l’arrivée.. Après le souffle d’énergie et cet evenement incongru, je m’abandonne une deuxième fois, voir tous ces marcheurs m’encourage à marcher ‘’c’est normal si tu laches un peu, regarde, tout le monde le fait !!’’. J’ai toujours ma bouteille Vittel tiede, que j’ai meme du mal à porter. Je trouve une astuce pour la caler dans mon short. Les gens marchent. Je retrouve une semblant de patate, et puis je remarche un peu.. un tout petit peu.. Juste le temps de fermer les yeux et de boire un peu sans secousses.. Quelques secondes de bonheur, et mes jambes font la gueule quand je me remet à les maltraiter. Le 3h55, que j’avais pourtant bien accroché jusqu’au semi, est bien niqué, et il s’agit maintenant de ne pas flancher pour finir sous les 4h. Aucun autre mot que "cauchemar" ne vient qualifier ce que je vis quand j’aborde le 36. Il en reste 6, ca fait plus d’une demie-heure. Ca fait plus que ma derniere sortie de lundi (5km, et c’etait long quand meme). Je retrouve un peu mes esprits quand je passe le 40ème, un petit coup de boost, ca yest, je ne m’arrêterai plus ! Les gens crient fort, tout m’agresse, les fanfares (je vois là une connaissance de longue date dans une de ces fanfares !! Quelle drole de coincidence, mais je ne crie pas son prenom, car quand jy pense il est deja trop tard, et je le regrette, mais je viens de lui communiquer mon etonnement par mail), les gadgets des supporters, ma propre musique. Je l’arrête pour me concentrer un maximum, c’est trop dur. Un dernier effort quand je passe le 41, je sais qu’il est impossible que je flanche là. Je pense plus que jamais à la possibilité d’aller aux toilettes, de boire un litre frais et pur, et de m’écrouler apres la ligne d’arrivée. Le chrono initial ne m’importe plus, mais il faut finir, il faut peter les 4h quand meme. Le km 41 est long, mais c’est moins long que du 37 au 38. Bref, le 42eme arrive, et bizarrement, il me reste un peu de jus, alors je finis les 200metres qui restent avec un sprint minable. Maman est là, elle crie mon prenom ! Je l’ai vue, je lui souris, je suis trop contente qu’on ne se soit pas loupées ! Les dernières foulées sont dans ce virage.. et comme ils disent dans les magazines, on y pense .. « Ca y est, je l’ai fait ! Je suis marathonien ! ».

     

    L’après-course.

    Finalement, je ne m’effondre pas, je zyeute partout pour retrouver ma dignité : il me faudrait des toilettes, un moment d’intimité, et de l’eau. Les toilettes sont là, à mon etonnement, il n’y a pas du tout d’attente !! Une dame sort de celle-ci, c’est parfait ! Ensuite, c’est long avant de retrouver les fameuses petites Vittel. On doit d’abord se faire enlever la puce, (je pense alors à arrêter ma montre mais je me loupe dans les manips), on doit récupérer son tee shirt « LES FILLES EN ROSE, LES HOMMES EN BLEU ! ». Il n’y a presque que du bleu ! Pas de s, je récupère mon magnifique tee shirt rouge petant FINISHER, qui terminera suspendu à coté du orange du semi, et du blanc de mon 10km. J’ai envie de le mettre tout de suite, je suis trop fière. Je regarde mon portable : j’ai des textos inattendus de deux collègues qui ont pensé à moi pendant la course, et kdr qui me dit qui ma vue arriver et que je suis ‘’en moins de 4hoo’’.. presque… Je récupère ma medaille, et de l’eau x 2. Puis le mouvement ralenti, et je regarde à ma gauche ceux qui sont assis sur leur ponchos.. ils ont l’air si bien ! Allez hop. J’ai fait tous mes jobs : medailles, tee shirt, puce, eau, je me repose, kdr et maman m’attendront un peu, c’etait trop dur. Au bout d’un moment je me relève, mal, tres mal aux jambes. Et je rejoins, non sans embouteillages, la liberté. C’est hyper long avant de pouvoir sortir ! Je me dirige vers le point de rendez vous et on se retrouve assez rapidement tous les trois. J’apprends que mon compagnon tourne sur les 4h20. Je trouve un peu d’ombre et je m’allonge, là comme ça sur le trottoir, juste apres les felicitations de mes deux precieux proches. Quand je releve, un peu la tete qui tourne, je ne sais pas trop ce que je dois faire, manger ? me rallonger ? aller au soleil ? se refroidir à l’ombre ? s’asseoir ? marcher ? Quoiquil en soit j’ai soif, maman m’achete gentiment a boire avant quon retrouve mon compagnon de course pour s’echanger nos problemes et nos emotions… Ca a été dur pour lui aussi, mais je ne connais pas tout dans le detail, fier, il nous parle surtout d’une douleur au genou qui l’a un peu paralysé, et fait mordre dans le chrono. Il nous dit qu’au cardio il etait bien, j’ai du mal a y croire ! Et en effet, le coup d’œil quil me fait jeter sur sa montre me le confirmera rapidement. Pour la suite, j’ai comme des bleus partout. Un petit tour de scoot me fera le plus grand bien.  Je n’ai absolument pas faim, j’ai la bouche pateuse, je suis secouée. Jai mal aux jambes, mais j’arrive a me tenir. Simplement, passer d’une station debout à assise, ou pire, l’inverse, reste douloureux. Si j’appuie sous mes cotes, bleu. Si je me gratte le dos, bleu. Toute la peau est ultra sensible. Mais j’ai presque eu envie de recourir cette apresm. Il fait beau, il fait jour, et je n’avais rien a faire, alors c’est comme un petit rituel…  Enfin, je ne mangerai qu’une petite quiche vers 17h, histoire de… Bon ben, j’ai un peu mal a la tête.. je crois que je vais aller me coucher.  

    A quand la prochaine ? 


  • Commentaires

    1
    FXF
    Lundi 11 Avril 2011 à 09:35

    Bravo a toi! Ton CR est tres emouvant. Je te remercie d'etre si candide dans ton recit.


    Comme c'etait foutu pour un chrono, j'ai pris mon temps et j'ai decouvert comment beaucoup souffrent vers le milieu du peloton. La meteo etait defavorable, je trouve. Mais ca fait partie du jeu. La distance se rappelle parfois a nous, j'en sais quelque chose depuis hier.


    A l'automne, tu peux envisager le marathon de Vincennes, fin octobre.


    Bonne recuperation et encore bravo!

    2
    loslos
    Lundi 11 Avril 2011 à 14:00

    Excélent ton récit. J'ai bien aimé , c'est supertu l'as fait.

    C'est une impression indéfinissable notre premier marathon

    J'espère qu'il s'en suivra plein d'autre CIaoo

    Bravo

     

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